Avant la suite des photos, un petit compte-rendu, à la persane ou presque, de ce que je retiendrai de ces quinze jours passés entre Pékin, Shangqiu et Taïwan.
Trois univers très différents, trois modes de vacances différents également :
- une capitale bouillonnante, une vraie fourmilière (de quoi se sentir comme un poisson dans l'eau pour une fourmi !), visitée en solitaire pendant un peu plus de trois jours, juste ce qu'il
fallait pour voir l'essentiel et un peu d'accessoire en sus
- une ville de campagne plus paisible mais non moins bruyante, assez conforme aux descriptions qu'en fait Nitt, l'occasion d'une semaine de découverte de la vie d'une prof de FLE parsemée de bons moments entre amies.
- un visage totalement différent, une Chine qui n'est pas la Chine mais qui est quand même la Chine, bien moins pauvre, plus libre... mais aussi moins dépaysante (je sais, je fais ma fine
bouche). Un peu comme Hong Kong, sauf qu'on y parle mandarin et non cantonais. A vrai dire, je devrais parler de plusieurs visages puisque j'ai vu Taipei, Kaohsiung et le parc national de
Kenting. Sympathique mais pas indispensable ; même si cela m'a fait plaisir de voir des paysages déjà vus dans un drama.
Beaucoup de sourires :
- dans le RER menant à l'aéroport, à l'écoute d'une annonce en allemand indiquant que le terminus du train est Disneyland
- à Pékin, dans un petit hutong en cours de démolition, en écoutant un oiseau me dire "hello" à la demande de son maître
- à Tien An Men, en me débarrassant d'une arnaqueuse à touristes qui me proposait d'assister à une cérémonie du thé en lui disant que j'avais déjà autre chose de prévu : j'allais à la Messe...
- au temple du Ciel, en découvrant à quoi ressemble une partition chinoise (et ce sont... des chiffres !!!)
- à la Cité interdite, en redécouvrant les petits coins visités virtuellement dans mon enfance
- à l'arrivée à Shangqiu, en entendant les contrôleurs se demander d'un wagon à l'autre si je ne m'étais pas trompée d'arrêt...
- au karaoké, à chanter du Céline Dion et à repérer quelques caractères dans les sous-titres chinois, dans une ambiance extra
- en entendant les compliments sur mon maniement de baguettes
- face au regard horrifié des masseuses devant l'état de mes pieds ou le nombre de bleus sur mes bras
- mêlé d'agacement, devant l'insistance des vendeuses d'un magasin de vêtements à suivre nos moindres pas, et à vouloir me fournir un sac en papier de leur magasin alors que je n'achetais rien,
mais simplement pour que je ne porte pas mon gilet à la main... et que je leur fasse de la publicité, accessoirement...
- partout mais encore plus dans le Henan, devant les phrases en chinglish où il faut faire preuve d'une grande souplesse d'esprit pour comprendre le vouloir-dire de l'auteur...
- à Taipei, devant la grandiloquence du mémorial de Tchang Kaï Chek... qui vaut bien celle de Mao ou de l'oncle Hô, bien que le bord politique soit opposé !
- à Taipei, toujours au mémorial, en observant un employé chargé d'éponger la sueur et de masser les sentinelles postées devant la statue, qui restent parfaitement immobiles pendant toute la
durée de l'opération...
- au bord de la plage, en croisant un promeneur qui tirait derrière lui une ficelle avec un poisson mort accroché au bout...
- sur les pistes réservées aux scooters de Taïwan, à se prendre pour Mario...
- face aux mariés taïwanais (mais c'était vrai aussi au Vietnam et vu les boutiques destinées aux futures mariées ainsi que les publicités pour les photographies de mariage, je ne doute pas que
ce soit également le cas en RPC) se faisant prendre en photo dans toutes les robes/postures/paysages imaginables. Parfois elle en robe choucroute froufrouteuse immonde avec force rajouts
capillaires et fleurs dans les cheveux et lui en jean/baskets.
Des chocs parfois :
- devant le nombre de hutong (quartiers traditionnels de Pékin de petites maisons de plain-pied) détruits pour laisser place à de grands immeubles/centres commerciaux à l'occidentale (à
l'américaine devrais-je dire)
- face au niveau sonore que la rue peut atteindre... le "bruit" doit être un concept inconnu...
- au contact de la notion chinoise d'hygiène (et pourtant j'étais prévenue...) : cracher dans la rue, se moucher dans ses doigts, jeter ses détritus par terre (y compris à l'intérieur ! Dès
l'avion la différence était flagrante entre les rangs occupés par des Chinois et ceux occupés par des Occidentaux !), faire faire leurs besoins aux enfants dans la rue aussi (les vêtements pour
enfants en bas âge sont fendus au niveau de l'entrejambe, une merveille d'ingéniosité ; en revanche en termes de mode, je doute que ça ait beaucoup de succès dans nos contrées...)... tout cela ne
pose aucun problème... mais à Pékin, lorsqu'on souhaite s'asseoir dans le bus sur un bord de siège, on cherche une feuille de journal...
- face à l'insouciance ou à l'inconscience des gens, notamment par rapport à la notion de danger/sécurité. Par exemple, quand on est un taxi/un bus/un camion et qu'on s'approche d'un passage
piéton reliant la porte de l'université au petit quartier commerçant de l'autre côté de la route, on ne ralentit surtout pas, on klaxonne pour s'annoncer et on fonce. Et inversement, quand on est
un piéton, on s'avance le plus possible au bord de la route, voire on y va. Et aux carrefours, on klaxonne, on s'engage, et ensuite seulement on ralentit (parfois) pour vérifier qu'on peut
passer. De la même manière, quand on fait des travaux de soudure, c'est accroupi par terre et avec un semblant de masque au bout du bras...
- en prenant conscience de la chance que nous avons d'avoir de l'eau chaude qui coule du robinet... à Shangqiu, les étudiants doivent aller remplir leurs thermos avec l'eau fournie par une
chaudière à charbon, installée dans un bâtiment de l'université...
Beaucoup d'émerveillement aussi, devant :
- la finesse et la diversité des peintures sur les poutres du Palais d'été
- la souplesse des personnes âgées faisant leur gymnastique ou leur danse matinale
- la gentillesse et la fraîcheur des étudiants (exemple ici)
- les belles voix de certains étudiants... à tel point que, lorsque j'ai pu écouter la version originale de certains titres repérés pendant le karaoké, j'ai été presque déçue...
- les coquelicots blancs de l'université de Shangqiu
- la simplicité de la foi et de l'accueil des paroissiens et des soeurs de Shangqiu. Nitt en parle mieux que
moi mais je ne peux qu'acquiescer à ce qu'elle écrit sur le sujet.
- les lauriers roses qui entourent les voies ferrées dans le sud de la Chine. Un régal !
- les possibilités offertes quand on comprend enfin ce qu'est la photographie et qu'on a un appareil adéquat entre les main...
Quelques coups de pouce parfois in extremis de mon ange gardien/la Providence aussi...
- un enregistrement à la dernière minute (mais là c'est la faute des hôtesses d'Air France) et un embarquement un peu précipité également (et pourtant je ne me suis pas arrêtée au duty free !)...
- une arrivée en retard à Canton qui, compte tenu de la parfaite organisation chinoise tant pour l'immigration que pour la livraison des bagages, la gestion des transferts et les contrôles de
sécurité, a donné un embarquement pour Pékin de dernière minute également...
- un départ pour Simatai (l'un des sites de la Grande Muraille) à la warrior, avec juste les conseils du guide... et la chance de tomber sur d'autres Français pour être en meilleure position pour
négocier le taxi imprévu...
- un genou qui a tenu le coup malgré l'absence de genouillère...
- un billet de train qui aurait bien failli avoir trois jours d'avance... pas facile de se faire comprendre au guichet uniquement par gestes et par symboles écrits sur papier...
- des balades à vélo au milieu des bus et des taxis, de nuit, sans lumière...
- une mise à profit inopinée de la non-ponctualité des trains chinois... ou comment se tromper de gare au dernier moment malgré toutes les recommandations, se précipiter en hurlant pour prendre
un taxi pour l'autre gare de la ville, monter en courant les marches pour accéder au quai... et se retrouver toute essoufflée devant une salle d'attente encore pleine où les Chinois vous
regardent avec de grands yeux étonnés...
- un timing serré (à cause de la non-ponctualité évoquée plus haut, qui prend forcément un peu d'ampleur sur un trajet de 21 heures) et pas forcément optimisé entre la gare de Shenzhen et
l'aéroport de Hong Kong... mais à Shenzhen, il y a plus de gens qui parlent anglais, et donc potentiellement plus de gens susceptibles de vous renseigner... un avantage majeur quand le guide vous
lâche !
- un Taïwanais particulièrement serviable qui a abandonné sa répétition d'orgue dans son église (j'ignore de quelle confession) pour nous emmener dans sa voiture à l'église catholique où avait
lieu la Messe... où le curé a répété son homélie en anglais pour que nous puissions en profiter... ça c'était de la Pentecôte !